Tu tournes sans relâche
jusqu'à enlacer l'univers
tu cherches
infiniment
cette seconde avant le contact
celle qui nous mène
à l'essentiel vertige
tu tournes et t'en retournes
en suspens continu
en volutes instables
toute une vie en bascule
pour ce seul tourbillon
qui te prend maintenant
ce lent tourbillon de langueur
cette ronde enfantine
qui fait vaciller les siècles
en drapé de nuit
douce et profonde
l'enroulement
l'étreinte
l'ardent abandon
jamais
tu n'interromps
le souffle du vivant
par effleurements
par torsades
par souvenirs renversés
tu avances
petite châtelaine de l'intensité
spontanéement universelle
tu avances et tournes
promesse
des plus savants déséquilibres
par sinuosités
par accès de véhémence
par étourdissements
voici le temps
d'offrir toute ta lumière
fol amour
qui tout emporte
tu sombres
et prends les poissons du ciel
dans un flot d'onyx
tu écoutes
ce qui tournoie en toi
pour jaillir
hors de tous les sillons
labourer les nuages
pénétrer la parole
éclairer les atomes
nue
si sauvage et si nue
te laissant submerger
par l'impossible
sous l'emprise d'un amour
qui se déverse
sans fin dans l'amour
bienheureuse
par l'étendue
de ta seule consumation
sous l'emprise d'un tourment
de haute haleine
tu sens
palpiter l'invisible
possédée dépossédée
tu ramasses
les comètes errantes
pour en faire des fagots
allez
allez
entre dans la ronde
pour recueillir la vie
jusque dans la mort
allez
trois petits tours encore
et puis t'en vas vers le silence